Les buttes lasagnes de Lacroix-Laval, un an après
En octobre 2021, les jardiniers des Parcs & jardins de la Métropole de Lyon ont réalisé une butte dite « lasagne », au cours d’une formation en agroécologie dispensée par l’entreprise coopérative Terre Vivante. Pour rappel, cette technique consiste en une superposition de couches de matières organiques végétales et animales (fumier) à la surface d’un sol à la façon d’une litière forestière.
Un an plus tard, un premier bilan a pu être réalisé sur les atouts et les contraintes de cette technique culturale mise en place sur un carré du potager en comparaison avec une ligne conduite classiquement. Les jardiniers ont d’abord constaté que cette technique améliore l’esthétique du potager par la forme ronde de la butte, et par la réduction d’adventices dites « mauvaises herbes » sur la ligne cultivée. En étant utilisée comme un paillage organique, cette lasagne a eu aussi l’avantage pour les jardiniers de limiter et de faciliter le désherbage. De plus, cette technique a permis aux jardiniers d’améliorer leur confort de travail en travaillant moins bas.
Les jardiniers ont aussi constaté que la lasagne, par l’apport de matière organique et le non-travail du sol, a permis dès la première année de limiter l’érosion du sol cultivé en ayant un sol plus riche en matière organique (couleur du sol plus foncé à gauche qu’à droite), de réchauffer plus rapidement le sol. Cet apport conséquent de matière organique a alors nourri les fameux travailleurs de la terre : les vers de terre, les micro-organismes et les champignons.
Ainsi, en créant une lasagne, les jardiniers favorisent la vie du sol en la nourrissant, et celle-ci en s’activant, dégrade petit à petit cette matière organique apportée en matière minérale assimilable par les plantes. L’activité biologique travaille et structure donc le sol à la place des jardiniers permettant d’avoir un sol meuble, fertile, pour les cultures du potager, par exemple, celles des cardons. La fertilité du sol des lasagnes a d’ailleurs été vérifiée cet été avec les récoltes des pommes de terres ‘fleur de pêcher’ : rendement de 617g de pommes de terre par pied, soit un rendement supérieur à celui des autres variétés du potager cultivées sur des planches classiques qui était en moyenne à 400g de pommes de terres par pied.
Si cette technique a beaucoup d’avantages, les jardiniers ont toutefois remarqué des contraintes : la nécessité d’avoir à disposition de la matière organique diversifiée (feuilles mortes, tontes, bois broyés, fumier, compost…), celle d’avoir un terrain qui est plus séchant, celle d’être vigilants sur l’entretien de la lasagne et l’équilibre entre les apports d’azote et de carbone, celle de surveiller le pH du sol. Finalement, en créant cette lasagne, il ressort que cette technique permet d’avoir un potager plus résilient et autonome, sans utiliser d’engrais tout en étant une solution de recyclage ou de valorisation des débris végétaux, animaux, restes alimentaires provenant du domaine de Lacroix-Laval.