« Les économies écologiques et les économies vertes »
Proposition d’intervention pour l’atelier du 7ème WEEC (congrès mondial de l’éducation à l’environnement – Juin 2013)
par Olivier Martel, Responsable du plan d’éducation au développement durable (omartel@grandlyon.com)
Contexte
En France, la communauté urbaine de Lyon est composée de 58 communes, pour 1,3 million d’habitants sur une surface de 51 500 hectares et un budget 2013 de 2 milliards d’Euros. Résultat d’une histoire de plus de 20 ans de pratiques pédagogiques locales, un plan d’éducation au développement durable composée d’orientations générales, de quinze fiche-actions, et mis en œuvre par les services du Grand Lyon et des partenaires associatifs et institutionnels, a été voté en Juillet 2006.(site :http://www.grandlyon.com/Education-au-developpement-durable.3726.0.html)
A partir de ce moment là, il a été reconnu que les fonctions de communication, de concertation, de formation et d’éducation sont quatre métiers différents et complémentaires, avec des compétences professionnelles spécifiques et des lignes budgétaires identifiées. Cette précision est d’autant plus importante que l’éducation ne se résume pas à la transmission de connaissances, de messages, même sur de nouvelles technologies respectueuses de l’environnement, mais contribue aussi à la clarification de ses propres valeurs dans une démarche d’écocitoyenneté.
Si l’approche de l’utilité sociétale de l’éducation au développement durable a commencé à être bien analysée, par exemple sur l’éthique, l’approche économique de cette éducation reste le parent pauvre des évaluations. En effet, les enseignants, les ONG, les pouvoirs publics (certains) méconnaissent le monde de l’entreprise et de la finance; de plus, des entreprises se disant vertes ne le sont pas toujours (1). La position indiquant que l’éducation n’est pas une marchandise n’empêcherait-elle pas d’avoir une vision économique de l’éducation ? Mais laquelle ?
L’éducation au développement durable contribue à redonner du sens à un territoire, à une appartenance, et à relocaliser, sur des projets particuliers, l’économie.
Quelques exemples locaux et pédagogiques
Réduire son empreinte écologique, un point de départ
Sur le territoire du Grand Lyon, 15 000 passeports écocitoyens à des élèves sont diffusés à chaque rentrée scolaire, avec un logiciel de calcul de son empreinte écologique Terragônes, en vue de le faire en classe, en famille….
Economiser les finances publiques, une bonne gestion durable
Soutenir les parents qui organisent des plans de déplacements domicile-école avec des lignes pédibus coûtent moins cher que la création de parking à voitures aux abords des écoles. (2)
Parrainer par les habitants, par les élèves, des arbres lors de leurs plantations, augmentent la durée de vie des arbres, dont le coût de plantation varie autour de 1 000 Euros tout frais compris.(Le Grand Lyon gère une forêt urbaine de 80 000 arbres d’alignements et de parcs)
Rien que par des changements de comportements, on constate une économie d’énergies de 8 à 15 % en moyenne et donc de factures ; 2 projets phares sont en cours : familles à énergie positive, défi énergie école (3)
Favoriser l’économie verte et solidaire, un nouvel espoir
Vu l’accroissement des métropoles, les citadins sont de plus en plus coupés des productions agricoles. Le nombre de relations entre agriculteurs et élèves étaient en forte baisse. L’émergence d’initiatives des circuits courts du producteur au consommateur, d’une structuration des réseaux de fermes pédagogiques, de la création d’Associations pour le maintien d’une agriculture paysanne (AMAP- 4) ont permis la réalisation de nombreux projets pédagogiques du type troc agricole (échanges). Le développement de l’agriculture biologique dans les cantines scolaires (objectifs au moins à attendre de 20% de produits issus de l’agriculture biologique, lors du Grenelle français de l’environnement) a contribué aussi à de nombreuses initiatives. Il en est de même, avec l’éducation au commerce équitable et les projets « A midi, on mange équitable » (5). Le rôle économique de la pollinisation par des abeilles mellifères ou/et solitaires est aussi incontestable. Par exemple, le programme européen Urban Bees avec son volet éducatif a un grand succès. (6) Sur un autre domaine, éduquer à l’environnement sonore vient en cohérence avec des techniques environnementales, et contribue indirectement à l’accroissement du marché de l’isolation acoustique des bâtiments, et des équipements ayant développés des technologies de moindre bruit (7).
Malgré ce potentiel pour favoriser l’éducation, il existe un grand déficit d’évaluation pluridisciplinaire et pluriacteurs de ces sujets. Néanmoins, à l’heure de la ville numérique, de la ville dite intelligente, combinée à une approche de la ville durable, l’éducation a toute sa place pour alterner des actions pédagogiques de terrain, sensoriel avec du virtuel, favorisant une nouvelle économie citoyenne et de proximité.
1- L’agence française de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie (ADEME) et son guide sur l’antigreenwashing (www.antigreenwashing.ademe.fr).
2- https://blogs.grandlyon.com/pedibus/
3 – http://www.defiecolenergie.fr/
4 – http://www.reseau-amap.org/
7 – http://cartes-sonores.acoucite.org/